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Dans cette page sont présentés les travaux réalisés pendant la formation à la médiation scientifique et technique au CNAM de 2014 à 2016

 

Article RTC212

janvier 2016

La (re)naissance de l'Homme, du laboratoire au Musée

 

 

Après des années de déclin et une longue gestation, le musée de l'Homme vient de rouvrir ses portes le 17 octobre dernier. Cette renaissance a été accompagnée par un panel de scientifiques et experts de diverses disciplines.

 

S'appuyant sur des équipes de recherches du Muséum d'Histoire Naturelle renforcées, il puise ses sources dans les laboratoires et les résultats des recherches pluridisciplinaires qui y sont menées.

Bien plus qu'un simple musée il se veut un lieu de débats tourné vers l'avenir de l'humanité.

 

 

Les années de ténèbres

 

Depuis sa création en 1937 le musée de l'Homme n'avait pas connu de profonde rénovation. Au début du 21ème siècle il était resté presque comme à ses débuts et le manque de financement en avait fait un lieu vétuste et passéiste, heureusement soutenu à partir des années 1990 par de grandes expositions thématiques.

 

La création du musée des Arts Premiers du Quai Branly a entraîné en mars 2003 le déménagement des caisses contenant les 285 000 objets du département ethnographique, ce qui a vidé le musée de l'Homme de la majorité de ses collections et créé un profond traumatisme.

Privé d'un pan de son patrimoine réuni depuis des décennies par de prestigieux ethnologues, le musée a du se réinventer.

 

Une nouvelle volonté politique et un financement de plus de 90 millions d'euros lui ont permis de voir la fin du tunnel. En 2009, a débuté un chantier de 6 années durant lesquelles le musée est resté fermé au public.

 

 

Une renaissance bien entourée

 

Autour du comité de pilotage et du comité scientifique du Muséum d'Histoire naturelle, acteurs principaux du projet, cette renaissance a été accompagnée par un comité d'orientation composé de près d'une vingtaine de personnalités très diverses : des philosophes (S. Agasinski, E. Morin), anthropologue (Y. Coppens), neurobiologiste (J-P. Changeux), démographe (H. Le Bras) , généticien (C. Petit), écologiste (R. Barbault), historien des sciences (A. Pichot) .....

 

Cette diversité a permis de faire du musée un lieu d'immersion pluridisciplinaire dans l’histoire humaine, en croisant les approches des sciences de la vie et des sciences humaines, tout en faisant passer le message d'une humanité unique et indivisible.

 

Une démarche participative avec des usagers a même été lancée avant l'ouverture pour mieux coller aux souhaits des futurs visiteurs.

 

 

Un musée-laboratoire

 

Depuis ses débuts, le musée de l'Homme a toujours été associé à la recherche et adossé à un laboratoire. Il a abrité les travaux de pionniers des sciences humaines comme Claude Lévi-Strauss, Marcel Griaule, Paul-Émile Victor, Jacques Soustelle, André Leroi-Gourhan… Cette volonté a été renforcée dans le nouveau musée qui s'appuie sur des équipes de recherches dont les effectifs ont été multipliés par 3.

 

Ce sont près de 150 personnes, chercheurs, ingénieurs, doctorants... des départements scientifiques "Préhistoire" et "Hommes, Natures, Sociétés" du Muséum d'Histoire Naturelle qui sont rattachées au musée-laboratoire.

 

Ils viennent de disciplines diverses, de la génétique des populations à l’éthnomusicologie en passant par l’étude des gorilles et chimpanzés en milieu naturel ou celle de la morphométrie des os, fossiles ou non, par des procédés d’imagerie 3D sophistiqués, associés dans un esprit de transversalité pour étudier les relations de l'Homme avec son environnement.

 

Les laboratoires ont été entièrement rénovés et plusieurs plateaux techniques - ADN ancien et contemporain, datation avec la technique uranium/thorium, analyse chimique et minéralogique des archéo-matériaux, morphométrie 3D - regroupent des outils nécessaires à des recherches de pointe.

 

 

Un Homme tourné vers son avenir

 

C'est l'« évolution » qui est la pierre angulaire de la pensée scientifique du nouveau musée de l'Homme portée par les questions « D'où venons-nous ? » et « Où allons nous ? ».

 

L'impact de l'Homme sur son environnement y est questionné, depuis les origines jusqu'à nos jours. L'explosion démographique, l’irruption de la technologie, les menaces sur la biodiversité et les ressources naturelles, la mondialisation y sont mises en scènes.

 

Le Musée de l'Homme se veut aussi un lieu de restitution des connaissances et de débats publics. Par l’intermédiaire d’une cabine d’enregistrement, il est possible de donner son point de vue et de transmettre sa propre vision de l’avenir. Un espace, le Balcon des Sciences a d'autre part été aménagé pour que le public puisse être en contact direct avec les scientifiques. Tous les jours, un scientifique quitte son laboratoire pour venir discuter avec les visiteurs.

 

Et le succès est au rendez-vous, car ce sont près de 200 000 personnes qui sont venues visiter le nouveau musée les premiers jours de l'ouverture et l'affluence continue.

 

Fiche 5000

   juin 2015

 

1954 – On a marché sur la Lune

 

Bande dessinée de Hergé

 

 

 

La première publication des planches de cet album dans le Journal de Tintin date d'octobre 1950 mais sa parution en album a eu lieu en 1954.

L'image de cette couverture a marqué la mémoire collective depuis plus de 3 générations ( de « 7 à 77ans » comme le disait Hergé) puisque l'album est toujours présent dans les rayons des librairies de nos jours.

 

Le réalisme de l'image sur la couverture de cette bande dessinée est à mettre en lien avec la réalité du premier pas sur la Lune de Neil Amstrong le 11 juillet 1969, soit 15 ans après la première publication des planches.

 

L’alunissage de l'équipage d'Hergé a lieu dans le cirque Hipparque situé en plein centre de la face visible de la Lune.

La vue plongeante nous montre l'immensité du paysage et permet de regrouper les éléments qui servent à la mise en scène. Les ombres laissent à penser qu'on est au début du jour lunaire : le soleil est bas sur l'horizon et les ombres sont allongées.

C'est dans une situation d'observation que sont montrés les personnages, contrairement à la plupart des couvertures de Hergé où ils sont en pleine action. Tintin a l’air de décrire et de commenter le paysage à ses acolytes ainsi qu'à nous, ses lecteurs.

 

Il semble clair qu'aucune vie n'est possible sur cette Lune vue l'aridité du paysage et les équipements nécessaires pour s'y déplacer. Le paysage « effrayant de désolation » comme le dit Tintin a aussi été qualifié dans les mêmes termes (« magnificent desolation ») par Aldrin, le deuxième homme à poser le pied sur la Lune juste après Amstrong.

 

On retrouve sur cette couverture des détails étonnants: les combinaisons des astronautes, la fusée, le paysage lunaire avec ses cratères, la vision de la Terre, planète bleue dans un coin du ciel.. on est époustouflés du réalisme du dessin.

 

La fusée rouge et blanche est inspirée de la V2 lancée par les allemands en 1942. Au pied de la fusée, on voit un engin qui ressemble à un char militaire et qui préfigure les véhicules utilisés pour le déplacement des astronautes américains, le Lunar Roving Vehicle ou Jeep lunaire qui sera utilisé à partir de 1971.

 

L'équipement des astronautes est lui aussi traité avec réalisme : les combinaisons et les casques indiquent l'absence d'atmosphère et la présence d'un rayonnement intense, les lourdes chaussures attestent l'apesanteur, les antennes radio pour communiquer dans cet espace où les sons ne se propagent pas... Toutes ces notions et équipements que les véritables astronautes auront à côtoyer sont déjà présentes dans cet album, et le grand public en a déjà pris conscience avant qu'elles ne deviennent réalité.

 

« On a marché sur la Lune » est sans doute l'album le plus abouti scientifiquement que Hergé ait réalisé.

 

Pour en attester la rigueur, la démarche scientifique est présentée dans la première partie de l'album par le professeur Tournesol dans un style plus proche du reportage scientifique que de la science fiction.

L'installation par le professeur d'un observatoire lunaire, composé de télescopes et d'appareils de mesures, est aussi un témoignage de l'aspect scientifique de la mission des héros d'Hergé.

Cependant certains détails ne sont pas vérifiés scientifiquement : par exemple, la terre, visible en entier sur le dessin, devrait ne présenter qu'un quartier, car vue de la Lune elle présente aussi des phases.

 

La compétition spatiale entre USA et URSS a commencé depuis la fin de la deuxième guerre mondiale et dès le début des années 50 la présence de l'homme sur la Lune est envisagée. Mais c'est en 1961 que John Fitzgerald Kennedy fixe véritablement à la NASA l'objectif d'envoyer des hommes sur la Lune.

 

Hergé s'est basé sur une abondante documentation scientifique pour écrire et dessiner son histoire.

C'est le livre « L'astronautique » de A. Ananoff qui à servi principalement de base scientifique à Hergé. Ananoff, installé à Paris, a été souvent consulté par Hergé qui l'a plusieurs fois remercié pour son aide. C'est un autodidacte, passionné par l'astronomie et les fusées, qui a fait de nombreuses conférences et articles sur le sujet après des échanges avec les plus grands spécialistes de l'époque. Son ouvrage de 500 pages, publié en 1950, fut considéré comme une référence en son temps.

 

Le Dr Heuvelmans, créateur de la cryptozoologie, auteur de « L'homme parmi les étoiles » a aussi souvent collaboré avec Hergé pour ses albums et a participé à la réalisation d'une maquette de la fusée.

 

L'héritage de Jules Verne est aussi très présent sur cette image : dès 1865 il publiait le roman « De la Terre à la Lune » en introduisant le réalisme scientifique dans son ouvrage de science-fiction.

 

Cette couverture illustre le rôle que ce média, la bande dessinnée, joue depuis quelques dizaines d'années dans les rapports Sciences et Société.

 

La présence des sciences et techniques dans la bande dessinée a fait son chemin depuis cette publication, et c'est un support très utilisé de nos jours : on peut citer les séries d'  « Anselme Lanturlu » écrites par Jean-Pierre Petit dans les années 80, « Les chroniques d'EPO » publiées par la NASA, la collection « Okisé » de l'INRA, la série « Tu mourras moins bête ».... jusqu'à en faire un média important dans le dialogue sciences et société, et pas uniquement pour les enfants.

 

On retrouvera un bon nombre de publications de ce genre sur le portail Strip Science (http://stripscience.cafe-sciences.org)

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